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  • Photo du rédacteurStéphanie Côté Mongrain

Nathalie D’Aoust, s’épanouir en entreprise

« En entrepreneuriat, ce que je veux c’est m’épanouir professionnellement et personnellement. Ça implique que les autres autour de moi doivent aussi s’épanouir. Mais, pour pouvoir donner à sa juste mesure, on doit d’abord se montrer généreux avec soi et écouter ses rêves. », affirme Nathalie D’Aoust avec une force tranquille dans les yeux. L’entrepreneure en série derrière, entre autres, depuis 15 ans, V Courrier, une société d’entreposage, de distribution, de messagerie, de transport de colis et de palettes, parle de son métier comme d’une passion du dialogue.


Retrouver la positivité du mot « vendre »


Nathalie déplore parfois la mauvaise réputation de la vente dans l’imaginaire collectif québécois. À son avis, la vente se trouve être en premier lieu une façon de répondre aux besoins des gens, de les rencontrer et de les comprendre. C’est un « terme positif », un « mindset ou un état d’attention envers autrui » qui permet de collaborer et de « créer de la richesse autant pour la clientèle que pour nos employés et nous ». Selon Nathalie, « tout le monde doit être un vendeur », dans la mesure où chacun tente de contribuer au monde en offrant ses services aux mieux de ce qu’il peut offrir à ceux qu’il l’entoure. Simplement, pour elle, le développement des affaires s’avère synonyme de développements des relations humaines.



Une vendeuse née


Durant l’enfance de Nathalie, sa vocation pour la vente se fait déjà sentir chez celle que l’on surnomme affectueusement la « vendeuse jaseuse ». Fière membre des Jeannettes, dont l’emblématique signe de la paix, un « V », formé à l’aide des doigts, rappel le « V » du « V courrier » de sa future affaire, Nathalie établit des records de vente de chocolats au profit de l’organisation.

La cause de ce talent naturel ? C’est peu dire que dès sa prime jeunesse, on dénote une forte sociabilité chez Nathalie. Son appétence pour « jaser à tous », sa facilité à se « mettre dans la peau des gens », mais surtout sa « curiosité débordante » font d’elle une parfaite candidate pour sa vie entrepreneuriale à venir.

Pourtant, une qualité fondamentale la guide et l’alimente dans ses activités, une volonté de fer. Nathalie va au bout de ses objectifs et de ses projets avec la détermination d’une battante. Lorsqu’on lui prédit l’impossible, elle le prend comme un défi. Quand elle a quelque chose dans la tête, tout le reste suit, pour ne pas dire l’entourage complet aussi.


Se découvrir entrepreneure


Outre son aisance avec le dialogue, l’enfance de Nathalie D’Aoust cache un vieux rêve : « trouver quelque chose qui me rend millionnaire le plus tôt possible ». Dans l’argent, elle ne voit pas un désir égoïste, mais une occasion de faire le bien à sa façon, une forme de levier sociale au bénéfice de sa communauté. À cet effet, lors de ses premiers emplois, elle emmagasine des informations dans l’escient de nourrir son « projet du million ». À l’été de ses 17 ans, elle travaille à temps partiel pour Purolator Courrier. C’est le déclic.

Son expérience en transport la marque. Ce côté stratégique, de livrer du point A au point B une chose de la manière la plus efficace possible charme la joueuse d’échecs en elle. Nathalie confesse avoir toujours entretenu une flamme pour ce jeu du calcul ; son exigence et l’adrénaline de courir contre la montre lui plaisent. Dans le transport, elle retrouve cette gestion du temps avec son aspect logistique ainsi que cet esprit axé vers les solutions. Pendant des études en microbiologie à l’Université McGill, elle enchaîne des emplois étudiants dans le domaine du transport. Peu à peu ceux-ci et son « projet du million » prennent le dessus sur son intérêt pour la science.

Dans sa soif de connaître l’humain, Nathalie entame donc un baccalauréat en psychologie de l’Université de Montréal. Puis, elle travaille un moment comme salarié, notamment chez RPS Ltée. Néanmoins, le goût de la liberté et cette ambition caractéristique de sa personnalité de battante prennent le dessus sur la stabilité de son poste. Œuvrer dans le transport oui, cependant, cette fois, ce serait à son compte.


Elle se lance alors en affaires pour de bon. Sur la découverte de sa vocation d’entrepreneure, Nathalie déclare non sans humour : « La seule chose que je peux dire là-dessus ; si tu es tanné de ne pas t’écouter à ta job, tu es peut-être un entrepreneur ? » Rapidement, elle fonde sa première entreprise de transport en 1995, Impact Courrier, avec son associer de l’époque, Gilles Foisy. Cinq ans plus tard, elle vend la compagnie pour immédiatement en ouvrir une autre. C’est l’histoire de ventes et de rachats d’entreprises sur plusieurs décennies qui commence.


Rêver grand, l’importance du plan d’affaires


Nathalie D’Aoust est femme à voir grand dans les buts qu’elle se fixe ; les limiter ne l’intéresse pas. Elle répète rêver « gros, pas réaliste, d’où l’importance capitale d’un bon banquier et d’un bon comptable pour mener ma vision à terme ». Avant Groupe V en 2008, rétrospectivement, Nathalie réalise avoir négligé un peu la notion essentielle de marge de profit.

À ce propos, elle relate une expérience mémorable de son parcours en 2000. Ouvertement allergique au climat nordique et fort des acquis de ses entreprises passées, elle décide de se lancer dans un commerce de location motomarine le long des plages ensoleillées de la République Dominicaine. Avec du recul, Nathalie a seulement 35 ans à l’époque, elle constate deux risques dans cette aventure de quatre ans : choisir un domaine où elle n’a pas d’expérience et une culture qu’elle ne connaît pas bien. S’il n’y avait eu qu’un seul de ces deux facteurs de risque, peut-être aurait-elle obtenu les résultats escomptés dans cet investissement ? C’est la combinaison d’un trop grand nombre de données inconnues qui a porté préjudice à son projet. Elle recommande donc aujourd’hui de savamment mesurer les facteurs de risque avant de choisir son lieu et son secteur d’activité. Elle admet ne pas vouloir retenter une aventure du genre, mais ne regrette rien. Elle voit cet épisode en terres dominicaines comme un apprentissage de terrain. Maintenant Nathalie dit sans gêne : « Si quelque chose ne démarre pas, il faut arrêter. »


À son retour au Québec, Nathalie retourne donc à son premier amour entrepreneurial, le transport. Elle crée Logik Courrier. Loin de sa dernière expérience à l’étranger, Nathalie opte pour une formule qu’elle connaît sur le bout des doigts, le service de messagerie « même jour et lendemain » de ses débuts. C’est une période de restructuration de ses pratiques. Nathalie insiste sur un principe fondamental « solidifier ses bases ». Cela signifie vérifier les effets à court terme de son plan stratégique à long terme et s’assurer d’avoir l’aspect légal entièrement sous son contrôle. Rien de mieux pour se faire, que d’élaborer un plan d’affaires aux cinq ans, mais de valider sa mise en pratique quotidiennement. Se donner des petits objectifs mesurables un jour à la fois permet de se motiver sur une base régulière. Nathalie propose de ne pas sous-estimer le court terme ; c’est là que se trouve le baromètre de nos efforts.

Nathalie se donne des objectifs inatteignables à court terme, mais envisageables sur le long terme. Elle tire de cette démesure l’énergie nécessaire à avancer.


« C’est quand je vise ce que certains croient impossible que j’opère le mieux, ça me stimule ! », atteste Nathalie sur un ton confiant.

Acquérir pour grandir, l’art de la croissance par l’acquisition


Visant une croissance majeure dans les plus brefs délais, Nathalie se concentre sur le rachat d’entreprises existantes établies. Pour la guider dans ses plans ambitieux, en 2010, elle s’octroie l’aide d’un comptable d’exception, Jean-Daniel Blanchette. Ce dernier deviendra d’ailleurs un actionnaire majeur de son entreprise actuel, V Courrier. Jean-Daniel s’impose comme une ressource clé dans cette croissance fructueuse.

Nathalie gagne à la fois des infrastructures et des nouveaux clients à grande vitesse. En ce qui la concerne, cette méthode permet des progrès exponentiels. Après cinq acquisitions, Nathalie renomme son entreprise V Courrier, non seulement pour rendre hommage au signe de paix des Jeannettes, mais aussi aux cinq entreprises rachetées. Malgré cela, du « V » de V Courrier, il ne reste bientôt que l’hommage rendu aux Jeannettes, car Nathalie intègre quatre autres entreprises. Avec l’aide de Jean-Daniel à 40 % associé, Nathalie surveille sa marge et centre ses actions sur le bénéfice sans sacrifier à la qualité de vie de ses employés et au standard élevé de son service.

Elle met toutefois en garde contre une conséquence sournoise de la croissance, de plus grandes infrastructures sans une plus grande marge de profit impliquent du travail supplémentaire sans gain, ce qui est contre-productif. Nathalie l’exprime de cette façon : « Il faut garder à l’esprit de faire de l’argent, pas juste grossir pour grossir. Sinon, cela mène à s’épuiser sans un rendement à la hauteur de ses espérances au bout du compte. Ça peut être démoralisant. »


L’équilibre entre les émotions et les chiffres

Nathalie souligne toujours qu’il « faut avoir la passion de son produit, foncer encore et encore, sans arrêter », cependant elle préconise un « sain équilibre entre les émotions et les chiffres ». Elle encourage une réflexion sur ce thème dans la gestion de sa vie personnelle et dans sa relation avec ses employés. La gestion des ressources humaines requiert certes une intelligence émotionnelle affinée et un grand sens de l’écoute, mais elle commande aussi une distance nécessaire à une compréhension logique des situations problématiques. Dans cette perspective, Nathalie conseille de rappeler les objectifs monétaires et de bien les faire comprendre aux employés sans distribuer une pression inutile. Elle cultive un recul indispensable à un jugement de qualité. Elle l’exprime par cette maxime :


« Gérer des gens et des chiffres, pas leurs émotions. »

En ce sens, elle n’insinue pas de déshumaniser ses employés, mais de dédramatiser les situations et de les ramener à ce que tous ont en commun : le bon fonctionnement et la quiétude de l’entreprise.


Le contact humain, un besoin et une philosophie


De par sa nature sociable, Nathalie possède ce souci de l’autre intrinsèque à son approche du service à la clientèle. Elle décrit ses interactions avec une lueur contagieuse dans le regard : « Quand tu me rencontres, tu finis inévitablement par me parler de tes préoccupations et de tes problèmes. Puis, dans le processus, je te propose des solutions. Je sais que ce que tu veux, c’est d’avoir le moins de problèmes possible avec tes fournisseurs. Et avec une oreille attentive et une expérience du terrain éprouvée, j’apprends à te connaître et je gagne ta confiance ».

Par ce besoin inné du contact humain et son application à offrir un bon service, Nathalie étend ainsi le rayon de son réseau et entretien ses connexions par des suivis rigoureux. Cette connexion avec le client représente le centre de ses valeurs. Par son exemple, Nathalie transmet cette passion. Elle croit au pouvoir de la démonstration par l’action et l’attitude, pas par l’usage des mots seuls. En bonne meneuse positive, elle aime à dire qu’« on inspire à être inspirant ». Cela passe par une humilité devant la résolution de problème, une reconnaissance de la force du groupe sur l’individu et une empathie naturelle devant son personnel. Nathalie a pris l’habitude de demander des nouvelles de la vie de ses employés, d’instaurer des fêtes de famille entre collègues et d’exprimer sa gratitude envers leur travail. Par le biais de mesures de perfectionnements, elle encourage l’amélioration continue. Aussitôt que l’occasion se présente, elle félicite les initiatives.

Nathalie rappelle bien sûr l’importance de clarifier ses valeurs et sa mission d’entreprise. Elle se consacre à emmener tout le monde à partager sa vision du transport.


Cultiver la résilience par le soin de soi

Un piège guette constamment les entrepreneurs selon Nathalie : « s’oublier ». Son raisonnement est le suivant : « Beaucoup de gens dépendent de toi, qui va s’occuper de toi, si tu ne le fais pas? Et qui s’occupera d’eux si tu n’as plus d’énergie ? Notre première responsabilité est de ne pas s’oublier tout le temps afin de rester actifs et disponibles mentalement. » Bien réfléchir demande une santé considérable, « un entrepreneur doit prendre soin de soi et de son cœur », réitère Nathalie. « Il ne faut pas sacrifier ses vacances, ni les méditations, ni peut-être même le spa ? », lance-t-elle à la blague. À l’avis de Nathalie, l’humour s’impose d’ailleurs comme un outil essentiel de l’entrepreneur. « Il faut rire au maximum, de ses propres blagues aussi, même si personne d’autre ne les trouve drôles. Ça permet de passer à travers tout. Rire en gardant ses objectifs en tête, c’est un incontournable pour ne pas baisser les bras ! » La résilience, c’est le souffle de l’entrepreneur. Elle garantit la longévité.

Il faut exiger dans son agenda cet espace de réflexion sur ses plans, son existence et le travail sur sa personne. À ce propos, Nathalie recommande chaudement les retraites comme celles de Les Affairées ou de l’École d’Entrepreneurship de Beauce. Pour elle, ce sont des opportunités pour apprendre dans le calme et « apprendre fait partie du fun de l’entrepreneuriat, on est tous des curieux ». « On se doit de savourer un temps d’arrêt et d’examiner ses actions. Ces moments d’introspections nourrissent notre pratique, car l’entrepreneuriat n’est pas une ligne droite ; c’est un parcours sinueux, avec ses hauts et ses bas, de longues marches à monter et à descendre quelques fois. Pour arriver au sommet, il faut beaucoup de force intérieure. La résilience se bâtit dans les promenades, le silence et le dialogue constructif avec ses pairs. », énonce Nathalie tout en douceur.


S’épanouir en collectivité

L’une des raisons majeures du sourire éclatant de Nathalie lorsqu’on lui parle de sa profession, c’est la réussite de l’un de ses employés. Quand l’un d’eux s’achète une nouvelle maison ou paie le voyage de son enfant grâce au gain de chez V Courrier, cela ravit le cœur d’entrepreneure de Nathalie. L’épanouissement des gens autour d’elle la comble de joie. Être un moteur de réussite et de richesse autant sur le plan personnel que professionnel dans sa communauté l’enchante. Pour Nathalie, s’épanouir contribue à l’épanouissement de tous. Cela produit un effet d’entraînement. C’est l’exemple de quelqu’un qui suit sa voie, qui est sur son « x », qui encourage les autres à trouver le leur. La passion engendre la passion, et Nathalie D’Aoust sait très bien transmettre la sienne à qui a le bonheur de la croiser sur sa route.


 

Rédaction : Jean-Philippe Nadeau Marcoux



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