David Rodier : Un leadership humain et innovant
- Stéphanie Côté Mongrain
- 27 avr.
- 6 min de lecture
Lors de notre rencontre, David nous tend une photo d’enfance avec un sourire discret, mais ému. Sur l’image, un tout-petit d’à peine un an, les mains agrippées à une pelle, se tient sur un tas de terre aux côtés de son père, Jean-Pierre Rodier, visionnaire et cofondateur de Paysages Rodier. Le petit David rayonne, déjà curieusement en symbiose avec le monde qu’il finira par reprendre en main.
Cette scène, figée dans le temps, dit tout de l’héritage entrepreneurial qu’il porte en lui. Pourtant, s’il a bel et bien repris l’entreprise familiale, il l’a fait à sa manière — en développant un style de leadership profondément personnel, à la fois humain, structuré et résolument tourné vers l’innovation.
Trouver sa propre voie : le défi du leadership
« Mon père était un défonceur de portes — il fonçait, prenait des risques, n’avait pas peur d’aller au front », raconte David avec admiration. Il souligne notamment son audace, sa ténacité et sa capacité à ouvrir des chemins là où personne n’osait passer.
Si leurs styles de leadership diffèrent, c’est moins par opposition que par fidélité à soi-même. David, lui, se définit comme un leader plus introspectif, porté par l’analyse et la consultation avant l’action.
« J’ai énormément appris à ses côtés. Mais pour être efficace, et surtout pour rester fidèle à ma personnalité, j’ai compris que je devais diriger autrement. Même avec des bases solides, il faut toujours ajouter sa touche personnelle. C’est ainsi que j’ai commencé à vraiment me découvrir comme leader. »
Il faut dire que malgré lui, dès son plus jeune âge, David a naturellement assumé des rôles de leader, que ce soit parmi ses amis ou dans diverses associations. Il s’est toujours retrouvé à la tête des groupes auxquels il participait - non pas par volonté de s’imposer, mais parce que sa manière d’agir donne le ton. Il inspire confiance et avance avec constance. Son leadership se construit dans le temps. Sa mère, elle aussi une figure inspirante, lui a transmis une approche humaine de la gestion et du service : être à l’écoute, valoriser les autres et toujours garder les pieds sur terre.
Parmi les figures qui ont inspiré David, Richard Branson occupe une place de choix. C’est début vingtaine, en découvrant son parcours d’entrepreneur, que David entre en contact avec la méthode Rockefeller. Ces enseignements joueront un rôle clé dans sa manière de structurer son organisation et de bâtir une entreprise solide et durable.

La transition : un passage de flambeau réussi
Chez Paysages Rodier, la transmission de l’entreprise de Jean-Pierre à David s’est effectuée progressivement dès 2013. Conscients des défis liés à une relève entrepreneuriale, parents et fils ont veillé à ce que la transition soit fluide, accompagnée par des consultants et soutenue par une communication transparente avec les employés.
« Une relève, ça se prépare sur plusieurs années. Il faut briser les anciens schémas en douceur et établir sa propre vision sans renier l’héritage reçu », explique David.
Ce processus lui a permis de gagner la confiance de son équipe et d’implanter une culture d’entreprise où la collaboration et la responsabilisation sont des leviers de succès. Son objectif était clair : bâtir une entreprise où chacun se sent impliqué et écouté.
Avec le temps, David a appris à diriger sans être constamment dans l’exécution. Il a évolué vers un rôle de gestionnaire à part entière, délaissant la microgestion pour faire confiance à son équipe. Ce lâcher-prise lui a permis de structurer Paysages Rodier de manière efficace et durable.
Une gestion humaine et une équipe engagée
Conscient que la force d’une entreprise repose avant tout sur son équipe, David place l’humain au cœur de son leadership. Il ne se contente pas de bien rémunérer : il écoute vraiment, prend le temps de comprendre, et cherche à créer un environnement où chacun peut se sentir à sa place.
Il a mis en place des conditions de travail qui favorisent l’équilibre et la stabilité — horaires réguliers, vacances plus généreuses que chez bien des compétiteurs, soutien concret en cas de coup dur. Mais surtout, il offre de l’espace pour être soi, et le droit de ne pas toujours aller bien.
« Je suis toujours prêt à m’adapter quand quelqu’un vit quelque chose de difficile. Il faut que les gens soient à l’aise. Et pour ça, il faut prendre le temps de les écouter. »
Dans un secteur où la pression est souvent forte, David mise sur une autre forme d’efficacité : celle qui naît de la confiance, du respect et de l’attention portée aux vraies personnes derrière les rôles.
La communication au cœur du leadership
David est convaincu que l’une des clés d’un leadership efficace réside dans l’écoute et la communication. Chaque année, il prend trois semaines pour rencontrer individuellement chaque employé. « Ces discussions me permettent de mieux comprendre leurs besoins, leurs défis et de renforcer notre relation de confiance. » Ces rencontres demandent beaucoup d’énergie, ce qui explique pourquoi il les planifie à la fin de la saison, un moment propice à la remise en question.
Pour David, savoir tendre l’oreille à son équipe est l’un des plus grands leviers de progression. Il croit en la force du collectif, en l’intelligence partagée, et en la richesse des perspectives qu’apporte chacun. Ses employés ne sont pas simplement des exécutants : ils sont des alliés, des co-constructeurs de l’avenir de l’entreprise.
À la fin de chaque saison, il prend aussi le temps de revenir en équipe sur ce qui a bien fonctionné, et sur ce qui peut encore s’améliorer. Il organise des réunions postmortem, véritables moments de recul et de dialogue. David affirme que : « Le côté saisonnier de notre métier permet une forme d’auto-évaluation annuelle, et c’est un exercice précieux. ».
Écouter, accueillir, ajuster — pour évoluer ensemble. Chez David, la culture d’entreprise repose sur une conviction simple : c’est ensemble qu’on avance le plus loin.
Un leadership basé sur la responsabilisation
« Je ne délègue pas, je responsabilise », affirme David. Plutôt que de donner des ordres stricts, il accorde une autonomie réelle à ses employés pour prendre des décisions. Cette approche permet à son équipe de s’approprier pleinement les projets et d’en parler comme s’il s’agissait des leurs. Pour lui, c’est un signe de réussite et une marque d’efficience.
Si David excelle dans la gestion humaine, il est aussi un maître de l’organisation. « Ma force, c’est l’organisation, la structure et les processus. » Il a mis en place des outils de gestion performants et des procédures claires afin que l’entreprise fonctionne efficacement, même en son absence. Son ambition? Se rendre dispensable au quotidien pour se concentrer sur la vision stratégique et l’amélioration continue.
Innover et trouver des solutions pratiques
L’amélioration continue est une valeur fondamentale pour David. Il intègre les outils numériques comme levier de performance et veille à ce que son équipe progresse constamment. De plus, chez Paysages Rodier, la formation est une priorité : chaque année, l’équipe de bureau bénéficie de formations adaptées, et les équipes de terrain reçoivent un accompagnement interne approfondi pour perfectionner leurs compétences.
Toujours en quête de solutions, il intègre des innovations dans son domaine, comme la conception 3D, pour se démarquer de la concurrence. Il a également implanté le logiciel Monday pour un suivi rigoureux et précis de la planification. Son rôle à l’Association des Paysagistes du Québec (APPQ), dont il est président, témoigne de son engagement à élever les standards du métier.
Transmettre et inspirer les nouvelles générations
David croit fermement en la collaboration entre entrepreneurs et n’hésite pas à partager ses connaissances, même avec ses concurrents. Il a œuvré à la mise en place d’une certification pour les paysagistes à travers l’APPQ, renforçant ainsi les standards de qualité du métier. Il considère que la saine compétition, basée sur l’amélioration continue et non sur une guerre de prix, est essentielle à un environnement d’affaires équilibré.
Fort de son expérience, il conseille aux jeunes entrepreneurs de trouver un élément distinctif, de commencer petit et de s’entourer des bonnes personnes, une à la fois.
« Quand on se connaît, on a plus de chances de comprendre et de motiver les autres. »
Il suffit de l’écouter parler de son équipe, de voir la lumière calme dans ses yeux quand il évoque le travail bien fait, pour comprendre que David Rodier incarne un leadership humain, structuré et profondément innovant. Son approche repose sur la clarté, la responsabilisation, et cette capacité rare à créer un climat de confiance durable. Plus qu’un gestionnaire, il est un bâtisseur de sens, attentif à ceux qui l’entourent et résolument ancré dans le présent.
« On peut s’inspirer des autres, mais il ne faut pas se contenter de suivre ce qu’on admire. J’ai appris à ne pas copier, à rester fidèle à ce que je suis. J’ai trouvé ma propre voix en tant que leader, et c’est ce qui me permet d’avancer avec confiance. »
À travers son parcours, David nous rappelle qu’en leadership comme en toute chose, il faut parfois quitter les sentiers battus, résister aux modèles tout faits, et plonger en soi-même pour tracer un chemin qui nous ressemble. Car c’est dans l’introspection sincère que naît la direction juste — celle qui fait grandir, ensemble.
Rédaction : Jean-Philippe Nadeau Marcoux
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